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Transition politique au Mali : Un militaire aux affaires ?

Qui des civils (politiques et technocrates) et des militaires dirigera la transition au Mali ? Cette épineuse question, qu'on se pose depuis le lendemain du 18 août (date de la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta) , semble diviser l'opinion publique. Les uns pour un civil intègre, les autres pour un militaire révolutionnaire. Chacun y va avec ses explications. 

 


Depuis plusieurs semaines, le Mali est dirigé par le comité national pour le salut du peuple. Même si le président de la junte militaire s'en offusque, pour le moment, de s'offrir le titre du président de la transition, il s'en est néanmoins attribué quelques fonctions régaliennes. Malgré la pression de la CEDEAO (communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest), qui réclame l'installation immédiate d'un pouvoir de transition dirigé par un civil, le colonel Assimi Goïta, devenu chef de l'État, a procédé à plusieurs nominations au sein de l'armée et attribué des fonctions de ministre aux secrétaires généraux des différents ministères. Cela, précise le porte-parole du CNSP colonel Ismaël Wagué, pour assurer la continuité de l'État en attendant la mise en place des organes de transition.

Au moment où les interrogations fusent sur un pouvoir de transition qui peine à accoucher depuis bientôt un mois, le CNSP vient d'entamer, samedi dernier (5 septembre), des concertations nationales. Il s'agit bien d'un dialogue qui fait participer toutes les sensibilités de la nation, y compris les rebelles du nord (la coordination des mouvements de l'Azawad) et le M5-RFP ( mouvement du 5 juin - rassemblement des forces patriotiques). Cette initiative, qui consiste à obtenir un consensus sur la feuille de route, les organes et la charte de transition, a lieu après la rencontre des différentes personnalités (anciens présidents, responsables de la société civile, chefs des institutions..) du Mali.

Alors que le dialogue bat son plein au CICB (centre international de conférence de Bamako), plusieurs centaines de manifestants ont envahi, ce mardi (8 septembre), le boulevard de l'indépendance de Bamako. Répondant à l'appel du mouvement populaire du 4 septembre (nouveau mouvement créé il y a juste quelques jours), la foule ne cache pas sa sympathie pour une transition dirigée par le CNSP. 《Pour le salut du peuple malien, il est important que la future transition soit dirigée par un civil politiquement neutre, qui n'est ni du M5-RFP ni d'aucun autre parti politique.》, intervient le jeune blogueur Fousseiny Togola 《Car, poursuit-il, tout membre choisi dans ces catégories défendra ses propres intérêts au détriment de ceux de la nation. Ce qui revient à sacrifier le changement tant souhaité. Cependant, je ne suis pas pour une transition dirigée par un militaire parce que la société assigne à chaque catégorie sociale une fonction. Celle du militaire est de défendre la nation.》.

Malgré ces arguments, qui résonnent parmi tant d'autres, l'on ne saurait, toutefois, minimiser le nombre des citoyens qui optent pour une transition dirigée par un militaire. Du moins, un récent sondage de la fondation Tuwindi démontre que plus de 60 % des maliens optent pour une transition dirigée par un militaire. Devant ces chiffres, reste à savoir maintenant si le CNSP parviendra à conquérir les cœurs des autres citoyens figurant dans les moins de 40 %. Pour une réponse valable, nous attendons la fin des concertations nationales qui vont se poursuivre jusqu'au 14 septembre et dont l'objectif est, à rappeler, le consensus sur la feuille de route et l'architecture de la prochaine transition.

Yelihebdo 

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