Reportage

Cinéma : Le Mali célèbre la mémoire de Balla Moussa Keita

6 mars 2001 - 6 mars 2021. 20 ans après sa disparition, les autorités maliennes lui ont enfin consacré une semaine. L'occasion pour le monde du cinéma malien de perpétuer l'héritage culturel d'un artiste aux talents multiples en particulier et de promouvoir le 7e art au pays en général.

Ambiance festive au Centre International de Conférence de Bamako. Au rythme des notes du kora qui envahissent une salle bien aménagée pour la circonstance, un groupe des femmes entonne à l'unisson des chants en hommage du regretté acteur du cinéma. Devant un immense projecteur à partir duquel défilent des extraits de ses films, un public nombreux assiste à la prestation de l'ensemble instrumental. Réalisateurs de films, acteurs vedettes du cinéma malien, artistes, membres de la famille et surtout anciens collaborateurs du défunt acteur ont pris d'assaut la salle. Aux côtés du ministre de la culture, de l'artisanat et du tourisme, Madame Dramé Kadiatou Konaré, et son collègue de la communication et de l'économie numérique, Hamadoun Touré, ils prennent part, ce samedi 6 mars, à la cérémonie d'ouverture de la "semaine culturelle commémorative du 20e anniversaire de la disparition de Balla Moussa Keita", figure symbolique du cinéma malien. Annoncée la semaine dernière lors d'un point de presse animé par la commission de l'organisation, cette journée inaugurale a été marquée par le témoignage des compagnons et proches de Balla Moussa Keita et la projection du film Yeelen (La Lumière), dans lequel il joue.

Un autre regard sur..

Issiaka Kané joue le rôle de Nianankoro dans ce film. Accueillant et jovial, il répond à nos questions à l'entrée de la salle. « C'est en 1982 que j'ai rencontré Balla Moussa Keita pour la première fois, lors du tournage du film Yeelen (la lumière), se souvient-il, et depuis nous sommes restés ensembles jusqu'à sa mort. Balla Moussa est un homme exceptionnel, il a accepté de jouer des rôles que peu de gens acceptent de jouer aujourd'hui. Malgré tout, il ne s'est pas enrichi matériellement. Pour la simple raison qu'il n'exerçait ce métier qu'avec passion ». Quant à Fatoumata Coulibaly, elle ne cache pas sa satisfaction pour l'initiative. « Initier une semaine pour célébrer la mémoire de Balla Moussa permettra non seulement à la jeune génération de trouver une source d'inspiration mais aussi et surtout à l'ensemble du public de porter un autre regard sur les hommes et femmes du cinéma », se réjouit l'animatrice à l'ORTM (office de radio-télévision du Mali).

Homme de foi

Outre les témoignages, la rencontre a été marquée par le discours du fils du défunt acteur et celui du réalisateur Souleymane Cissé, ancien collaborateur et ami de Balla Moussa. « Je souhaite que ces journées permettent de valoriser le métier du cinéma qui occupe une place importante dans la société malienne. Nous célébrons la mémoire de Balla Moussa, car nous sommes convaincus qu'il est à jamais une bibliothèque vivante », commente le cinéaste. « Notre papa, Balla Moussa Keita, est né pour le Mali, il est mort également pour le Mali, car sa priorité a été toujours le Mali », explique Bouba Keita d'un ton émotionnel. « Il était un homme de foi. Et c'est auprès de lui que j'ai réellement cru à la mort, le jour où il a écrit son propre avis de décès. Comme il nous disait de bien transmettre ce message, le jour de ses funérailles, je n'ai jamais vu une foule aussi grande accompagner un cercueil. Et cela m'a rendu beaucoup fier de lui », ajoute-t-il avant de remercier le peuple malien pour cet attachement et surtout madame la ministre, Kadiatou Konaré, de la culture pour une initiative dont la famille Keita cherchait depuis 20 ans.

Initiée par le département de la culture, de l'artisanat et du tourisme, dont la ministre paraine l'événement avec son collègue de la communication et de l'économie numérique, la semaine culturelle commémorative du 20e anniversaire de la disparition de Balla Moussa Keita consiste à immortaliser la mémoire du regretté Balla Moussa Keita, un des acteurs les plus connus du cinéma malien. Conférences-débats, projections des films, prestations artistiques, entre autres, serviront, du 6 au 12 mars 2021, de cadres d'échanges autour la mémoire de l'illustre défunt et surtout des problématiques auxquelles le monde du cinéma malien fait face. 

Acteur de cinéma, comédien et animateur culturel de radio et de télévision, Balla Moussa Keita a disparu le 6 mars 2001 à Bamako. Avec sa participation à la réalisation de nombreux films maliens, le fervent défenseur de la culture et des langues nationales a légué un riche héritage culturel. Parmi ses plus grandes fiertés, on peut citer Finye (réalisé par Souleymane Cissé), ce film de long métrage, qui présage une future révolution sociopolitique au Mali vers les années 1990. Et surtout Yeelen (également de Souleymane Cissé), qui fut le premier film de long métrage de l'Afrique noire primé en 1987 au prestigieux festival international des Cannes.

Khaled Mohamed

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