Portrait

Soumaila Cissé, un vétéran de la vie politique malienne

Trois fois candidat malheureux au second tour des élections présidentielles (2002, 2013 et 2018), l'ancien chef du file de l'opposition politique malienne perd, dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 décembre 2020, à l'âge de 71 ans, son dernier combat face au coronavirus dans un hôpital en France où il suivait des soins médicaux depuis un certain temps. Son parcours.


Soumaïla Cissé, que les Maliens surnomment affectueusement "Soumi", est une figure de la vie politique malienne depuis le début des années 90. Il est né le 20 décembre 1949 à Tombouctou, dans le nord du pays. Une appétence pour les sciences marque son parcours scolaire. Il fait ses études universitaires à Dakar et en France, à Montpellier. "En 1977, il est ingénieur en informatique et en gestion et major de sa promotion de l'Institut des sciences informatiques de Montpellier. Sa carrière universitaire est couronnée en troisième cycle par un certificat d’aptitude d’administration des entreprises obtenu en 1981 à l’Institut d’administration des entreprises de Paris", précise sa biographie officielle.


Après avoir travaillé pour plusieurs entreprises françaises – IBM, Thomson et Pechiney –, il retourne au Mali en 1984. Soumaïla Cissé rejoint la CMDT, l'entreprise d'Etat qui gère la filière coton, l'une des principales ressources du Mali dont il deviendra le directeur général par intérim. En 1991, année de l’avènement du multipartisme, il se lance en politique. En mai, il est l’un des cofondateurs de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) qui porte Alpha Oumar Konaré à la tête du pays. Soumaïla Cissé devient alors le Secrétaire général de la présidence. Il sera ensuite ministre des Finances (1993-2000), puis de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme (2000-2002).


Depuis 2002, Soumaïla Cissé souhaite accéder à la présidence malienne. La première fois où il brigue un mandat présidentiel, c’est sous les couleurs de l’Adema qui le choisit lors de primaires. Il est battu par Amadou Toumani Touré.


Il quitte alors la scène politique malienne pour rejoindre, en 2003,  l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dont le siège se trouve à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. La même année, Soumaïla Cissé crée son propre parti l'URD qui devient la deuxième force politique du pays après l'Adema grâce aux députés élus aux législatives de 2007.


Entre-temps, en 2004, il a est devenu le président de la Commission de l'Uemoa. Après deux mandats de quatre ans, il quitte l'organisation fin 2011. Même s'il ne l'avoue pas, Soumaïla Cissé a déjà d'autres projets en tête. Ils se résument en deux mots : magistrature suprême.


Cependant, le Mali qu'il retrouve est un pays en crise. Des terroristes, affiliés à Al-Qaïda au Mahghreb islamique (AQMI), sont installés dans le Nord, en pays touareg. Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, un coup d'Etat va chasser Amadou Toumani Touré du pouvoir. Une transition s'installe et la présidentielle a finalement lieu en 2013. Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, gagne le scrutin devant Soumaïla Cissé, candidat de l'URD. Il n'est pas devenu président de la République, mais Soumaïla Cissé intègre l'Assemblée nationale lors des législatives de cette année-la. Il représente la circonscription de Niafunké, dans la région de Tombouctou. En 2014, il devient le président de l'URD et un an plus tard, le chef de file de l'opposition malienne.  


En 2018, Soumaïla Cissé tente de nouveau l'aventure présidentielle. S'il a grâcieusement admis sa défaite à la présidentielle de 2013, ce ne sera pas le cas cinq ans plus tard. Le régime d'IBK est de plus en plus contesté. "Notre responsabilité historique est de veiller à ce que chaque Malien puisse choisir librement son candidat et que le vote soit sincère et crédible. Il y a péril en notre démocratie. L'unité d'action des candidats contre les dérives du régime en place n’a qu’une raison d’être : éviter le holdup électoral, sauver notre démocratie et exiger la mise en place de conditions minimalement acceptables en vue d’un second tour", confiait Soumaïla Cissé à franceinfo Afrique entre les deux tours de la présidentielle.

Enlevé le 25 mars 2020 alors qu’il faisait campagne pour les législatives dans son fief de Niafunké, dans la région de Tombouctou, Soumaila sera libéré le 8 octobre 2020. Avec la française Sophie Petronin et deux autres otages italiens, ils seront accueillis à l'aéroport de Bamako par une immense foule enthousiaste. C'était à presque deux mois après que le président IBK a démissionné, le 18 août, dans un camp militaire à Kati. 


Source : Franceinfo

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