Portrait
Un 《petit Jésus》 nommé Jerry John Rawlings
Ex pustshiste, il avait dirigé son pays de 1982 à 2001 avant de céder le fauteuil à un président démocratiquement élu. L'ancien chef de l'État du Ghana, Jerry John Rawlings, s'en est allé ce jeudi 12 novembre à l'hôpital universitaire Korle-Bu d'Accra à l'âge de 73 ans. Son portrait.
Après le pouvoir, il y a une autre vieDe James Ramsey John (son père), un chimiste écossais originaire de Castle Douglas, et de Victoria Agbotui (sa mère) une ghanéenne, Jeremiah John Rawlings est né le 22 juin 1947 à Accra, la capitale de la Gold coast.
Après ses études primaires à l’Achimoto College et sa formation militaire à l'académie de Teshie, il devient sous-lieutenant de l'aviation ghanéenne en 1969 puis capitaine.
Jeune capitaine d’aviation, à chaque fois qu’il effectue des vols, Jerry Rawlings constate depuis les airs que les bidonvilles ne font que s’agrandir au Ghana. Signe d’une pauvreté croissante. Il décide alors de prendre ses responsabilités.
Il réunit quelques amis et leur dit ceci : " Ceux qui ont pillé le pays ne peuvent pas se retirer comme cela, en héros, et continuer ensuite à tirer les ficelles. Il ne peut y avoir de changement véritable dans ce pays sans "purification". Il nous faut agir, et vite. Il faut une action vigoureuse, drastique, radicale pour purger le pays. Il faut punir les criminels d'État qui nous ont réduits à cette situation d'indignité ».
De la barre au palais
C'est ainsi que dans la nuit du 14 au 15 mai 1979, Rawlings et ses compagnons tentent, avec le soutien de quelques dizaines de tireurs d'élite, une action désespérée. Faute de moyens et de préparation, le projet échoue avant même de l'avoir réellement mis à exécution.
Mis aux arrêts par le Conseil Militaire Suprême (SMC) qui dirigeait le pays depuis 1972, Jerry et ses camarades seront jugés publiquement par une cour martiale. C’est au cours de ce procès radiotélévisé qu'il retourne la situation en sa faveur ; il gagne les cœurs et la sympathie des ghanéens.
Malgré les lourds et graves chefs d’inculpation qui pèsent contre lui, le capitaine ne se démonte pas et accuse le régime militaire de corruption massive ; il pousse l’outrecuidance en exigeant que ses amis soient libérés car il était l’unique responsable de cette mutinerie.
Au terme du procès, Rawlings est condamné à mort mais il a déjà gagné le cœur des ses compatriotes qui voient en lui un véritable patriote, mieux ; un sauveur. Il est alors vu comme un vrai fils du pays et même surnommé petit Jésus (Junior Jesus), du fait des initiales J.J.
Sur les murs du camp militaire où se déroule le procès, on peut lire les messages suivants : " arrêtez ce procès sinon...", " Si vous voulez mourir, continuez à le juger !", " La révolution ou la mort ", "la lutte continue"
Dans la nuit du 3 au 4 Juin 1979, soit quelques heures seulement après sa condamnation à être exécuté, des jeunes officiers militaires menés par le major Boakye Gyan font irruption dans la prison où Rawlings est détenu et le libèrent avant de l'amener directement à la radio pour faire une déclaration. Rawlings annonce avoir été libéré par ses camarades et annonce que l’armée passe sous son commandement.
Rawlings et ses hommes se sont embarqués dans ce qu’on a appelé le grand « nettoyage de maison ». Comme l’une de ses premières décisions fortes, Rawlings signe l’ordre d’exécution de trois anciens présidents militaires du pays : le général Akuffo, le général Ignatius Kutu Acheampong et le général Afrifa.
Après avoir dirigé le pays pendant 112 jours, il cède le pouvoir au nouveau président élu librement, Hilla Limann.
Du putschiste au démocrate
Figure populaire, Jerry Rawlings reprend à nouveau les armes et renverse Limann le 31 décembre 1981, soit quelques années seulement. Estimant le régime corrompu. Il prend la direction du Conseil provisoire de la défense nationale.
Le « Flight Lieutenant » quittera finalement l’armée et créera son parti le National Democratic Congress (NDC). Il est élu président en 1992, et réélu en 1996. La constitution n’autorisant que deux mandats consécutifs au maximum, il quitte le sommet de l’État au début de l’année 2001.
Rawlings entérine la candidature de son vice-président, John Atta Mills, à la présidence en 2000, au nom de son parti. Mais le 7 décembre 2000, c'est le candidat de l'opposition, du Nouveau Parti patriotique (NPP), John Kufuor, qui est élu président. L'alternance est pacifique, Rawlings passe à son tour dans l'opposition. Le 28 décembre 2008, le candidat du Congrès démocratique national John Atta-Mills est cette fois élu président, marquant une nouvelle alternance politique. Encore une fois, cette alternance est pacifique.
L'héritage de Jerry Rawlings à la tête du Ghana est immense. Aux yeux du commun de ses concitoyens il est considéré comme celui qui a mis en place les bases de la démocratie, de la stabilité politique et surtout de la croissance économique du Ghana.
Extrait de "Coups d'État Salvateurs en Afrique"
Yelihebdo
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