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Crise politique au Mali : Un mardi avorté pour le M5-RFP
Après l'échec de l'ultimatum, la lettre de démission, le mémorandum de sortie de crise et la désobéissance civile, qui consiste à occuper les édifices publics et à bloquer la circulation routière, sans succès, le mouvement du 5 juin - rassemblement des forces patriotiques (qui réclame le départ du président Ibrahim Boubacar Keita), adopte une nouvelle méthode. Contrairement aux rassemblements du 5 juin, 19 juin et 10 juillet, les manifestants ont décidé, ce mardi 11 août, de rester au boulevard de l'indépendance aussi longtemps que possible.
« Nous voulons que la manifestation du mardi 11 août soit inscrite dans l'histoire du Mali », prévient, l'imam Mahmoud Dicko, autorité morale du mouvement du 5 juin. C'était dimanche dernier 9 août, au cours d'un point de presse organisé au quartier de Magnambougou (Bamako). A cette occasion, les leaders du M5 ont annoncé la tenue d'une première « grande manifestation » depuis la fin de la tabaski. En effet, ce 11 août coïncide avec la fin de la trêve, annoncée à quelques jours de la fête musulmane, de la désobéissance civile mise en vigueur depuis le fameux vendredi 10 juillet.
Comme d'habitude, une immense foule a répondu à l'appel du M5-RFP ce mardi au boulevard de l'indépendance de Bamako. Avec des banderoles et des pancartes, sur lesquels ils réclament la démission du président de la république Ibrahim Boubacar Keita, ces milliers de manifestants semblent déterminés de plus belle. Tous les tenors du mouvement sont là. Et contrairement aux précédents rassemblements, chacun de Modibo Sidibé, Oumar Mariko, Choguel Kokalla Maïga, Mohamed Ali Bathily, Cheick Oumar Sissoko, Clément Dembelé, Sy Kadiatou Sow et autres, a fait un tour devant le pupitre. Cependant, les intervenants répètent presque les mêmes invectives dans des langages plus ou moins variés : « IBK désèra, IBK n'a ka fanga jugu kata ... (IBK n'est plus capable de diriger, nous réclamons la démission d'IBK et de son régime...) », peut-on résumer.
Arrivé un peu plus tard sur le lieu, l'imam Mahmoud Dicko, s'adresse à la foule aux environs de 19 h.« Dieu va nous assister dans cette lutte car nous sommes du côté de la vérité. », intervient-il avant de mettre, pour une énième fois, le chef de l'État en garde : « Si IBK ne tend pas l'oreille au crie du peuple je jure au nom d'Allah qu'il sortira par la petite porte. ». Son discours terminé, l'imam prend congé du boulevard. Pendant ce temps le speaker invite la foule à prendre part à la prière collective du crépuscule, car « aujourd'hui nous n'allons pas rentrer à la maison ».
Il est 0 h passé au boulevard de l'indépendance, une foule immense y grouille toujours. Pendant que certains manifestants sont allongés sous le moustiquaire d'autres font vivre une ambiance bon enfant après avoir dégusté le sandwich apporté par des leaders au cours de la nuit. Mais hélas ! Le village de circonstance ne va pas survivre longtemps. A 8 h GMT (mercredi matin), la police fait usage de gaz lacrymogène et disperse la foule, permettant ainsi aux usagers du boulevard de l'empreinter.
A l'heure où nous rédigeons cet article, les bamakois vacquent normalement à leurs occupations. Et selon nos informations, cette quatrième manifestation du M5-RFP n'a enregistré aucune perte en vie humaine dans la capitale malienne.
Yelihebdo
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