Dossier
Acculé par des militaires, le président malien jette l'éponge
C'est fait ! Ibrahim Boubacar Keita n'est plus le président de la république du Mali. Il l'a annoncé, lui-même, dans la soirée du mardi 18 août, non pas à Koulouba (palais présidentiel) ou à Sebenincoro (son quartier de résidence), mais dans un camp militaire situé dans la ville-garnison de Kati, à quelques kilomètres de Bamako. Cette annonce intervient juste après la signature d'un document dans lequel il accepte sa démission et la dissolution de l'assemblée nationale.
Tout est parti d'une mutinerie enclenchée dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 août dans le camp Soundiata de Kati. Des tirs en l'air dans nuit du lundi, s'en suivra le blocage des voies d'accès de la ville-militaire puis la marche vers la capitale Bamako où plusieurs officiels seront mis aux arrêts dans la journée du mardi. Entre autres, le président de l'assemblée nationale Moussa Timbiné, des ministres et autres généraux de l'armée se sont rendus. Pendant ce temps, des manifestants acclament les mutins au boulevard de l'indépendance.
16 h GMT, une immense foule grouille devant le domicile, quadrillé par des forces de sécurité, du chef l'État à Sebenincoro. Quelques instants après, voici un cortège de voiture de luxe quitter le quartier. Direction Kati où les cerveaux de la mutinerie attendent le président IBK et son premier Boubou Cissé.
Ce coup de force intervient dans un contexte de contestation qui sévit le pays depuis plus d'un mois. Depuis le 5 juin dernier, un mouvement hétéroclite, conduit par l'ancien président du haut conseil islamique du Mali, l'imam Mahmoud Dicko et plusieurs autres opposants politiques, réclament la démission du président Ibrahim Boubacar Keita. Ni l'ultimatum, ni la déclaration de démission, ni le mémorandum de sortie de crise, ni la désobéissance civile qui a conduit à plus d'une dizaine de morts et des arrestations, du M5 n'ont pas, hélas, pu fléchir le président.
En acceptant la volonté des mutins, IBK accourte, à moins de trois ans, son second quinquennat ; devenant ainsi le quatrième des cinq présidents qui ont dirigé le Mali depuis son indépendance en 1960, à se faire destituer par des militaires. Et cela, dans un climat incroyablement pacifique où aucune perte en vie humaine n'a été enregistrée.
Yelihebdo
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