Portrait
Tarza, une slameuse pétrie de multiples talents
Simple étudiante, elle jongle slam, poésie, récit et plusieurs autres genres littéraires. Gros plan sur une pépite qui est allée à la découverte de son talent dès la classe de la 10e année
Samedi 15 février 2020 à l’espace culturel « la gare » de Bamako. En attendant le début d’une conférence-débat, qu’il doit animer sous peu avec des jeunes sur son institution, le chef de la mission onusienne au Mali (MINUSMA) assiste à la prestation du groupe « Slam Agoratoire ». Dans une salle bien aménagée pour la circonstance, les artistes émerveillent Mahamat Salleh Annadif. Alors que des notes de kora envahissent la salle, leurs mots et gestes, tantôt à l’unisson, tantôt en solo, rythment simultanément avec la sonorité ambiante. Chacun devant un micro sur pied, les bras vont çà et là dans une harangue impressionnante. La colère est exprimée également par le visage durci, prêchant la paix au détriment de la guerre qui sévit dans « notre Maliba ».
Parmi les slameurs, une jeune fille au teint noir. Joliment vêtue d’une chemise et d’un pantalon en jeans, la tête de la slameuse est bien coiffée d’un foulard noir, symbole de l’islam. Du haut de sa taille moyenne, son visage ovale est rayonné d’un sourire perçant dès sa descente de la scène. Pour Tarza, le slam est plus qu’une passion. C’est « mon amour et ma vie », écrit-elle sur son compte WhatsApp. En effet, l’histoire de la jeune talentueuse avec l’art est bien plus passionnante.
3e nationale
Tout est parti d’une journée où la jeune lycéenne assistait, pour la première fois, à une prestation de slam à la place pyramide des souvenirs (Bamako). C’était à l’occasion d’un concours d’écriture de nouvelles, intitulé « Un livre pour deux mains », organisé au sein de son établissement scolaire lycée public Mamadou Mbodj. Séduise par le talent du slameur Abdoul Aziz Koné du groupe Agoratoire (qu’elle va intégrer plus tard), celle qui ne fait que la première année de l’école secondaire, en cette année 2015, a résolu d’y faire carrière.
La jeune rêveuse qui écrit déjà des petits récits, n’aura pas de difficulté pour se tailler une place. Un à un, elle gravit les échelons : vainc sa timidité, monte sur scène et remporte des prix. En 2019 l’artiste est classée 3e nationale lors d’un concours de slam intitulé « Happening féministe Mali ».
Outre le matériel, elle aurait bénéficié d’une bonne culture générale et tissé des très bonnes relations humaines. Cette dernière s’illustre chez ses camarades du slam Agoratoire, cette « famille disponible » pendant les moments difficiles.
En dehors du slam, Tarza s’est aussi imprégnée dans l’écriture. L’écrivaine en herbe aurait à son actif plusieurs poèmes, récits et nouvelles qui ne sont pas encore publiés.
Parallèlement à ces activités, Tarza prépare son entrée à la licence 2 de la filière lettres de l’université de Bamako.
E Elle mourra, elle aussi »
D’origine malinké (son père est du village de Kara, cercle de Kangaba), Ramata Coulibaly qui est métissée d’une mère sonrhaï (Hadizatou Al Maïga), aime le surnom « Tarza » qui signifie en langue tamasheq « elle mourra, elle aussi ». Pour la petite histoire, son arrière grand-mère maternelle, qui aurait perdu plusieurs enfants, donnerait ce surnom à sa dernière fille, en occurrence la grand-mère et l’homonyme de notre slameuse, qui survivra heureusement. C’est ainsi que notre artiste a préféré « Tarza » pour exprimer son amour à l’endroit de sa grand-mère.
Puisque son père Mamadou Coulibaly est policier, Tarza va sillonner, comme tout enfant de fonctionnaire, le Mali. Née à Bamako, où elle entre à l’école à l’âge de 5 ans, la petite Ramata sera à Koutiala, à Gao et à Kadiolo.
Périple géographique, périple artistique, le cœur de la jeune ambitieuse bat pour une profession dont elle qualifie de fabuleuse. Après le slam et les études littéraires, Tarza rêve de devenir douanière.
A 19 ans, la passionnée de Victor Hugo est célibataire. Cependant, elle continue à se battre, car « avant de construire avec quelqu’un il faut d’abord se construire soi-même », a-t-elle martelé.
Yelihebdo
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