Résumé d'un livre

Martin Luther King Jr, le héros de la non-violence

4 avril 1968 : les aiguilles semblent cesser de tournoyer sur la pendule aux États-Unis d’Amérique. Martin Luther King Jr reçoit d’un tireur embusqué une balle au cou depuis le balcon de sa chambre du second étage au Motel Lorraine de Memphis. La nouvelle de l’assassinat de M.L résonne comme celle de la disparition d’un prophète. Partout dans le monde, on pleure, on s’indigne….
Mais, qui est ce Gandhi noir dont la mort tragique fait couler autant de larmes et d’encres à travers la planète ?


Grâce à une impressionnante biographie, écrite par Stephen B. Oates, je suis allé à la rencontre de l’homme. Parcourant les pages de « Martin Luther king » (titre du livre), j’ai découvert que l’historien et américain, qui s’est bien nourri de lecture de nombreux documents écrits, sonores et visuels sur lui, le présente jusque dans les moindres détails.

« Un jour, les historiens parleront de ce mouvement comme d’une des épopées les plus significatives de notre héritage », en guise d’introduction, Stephen B. Oates reprend cette phrase que Martin Luther King avait prononcé devant ses camarades en 1962. En effet, le révolutionnaire est incontestablement, aujourd’hui, une légende aussi bien dans l’histoire de libération des peuples que dans celle de la révolution pacifique. Symbole de la lutte contre la ségrégation raciale, Martin Luther King devient « prophète » d’une époque où les promesses de la proclamation d’émancipation d’Abraham Lincoln, qui prônent l’égalité, peinent à se réaliser dans la société américaine.
Évidemment, les noirs étaient, jusqu’alors, victimes des actes racistes aux États-Unis. Entre autres, les écoles, les restaurants et plusieurs autres lieux publics étaient séparés. Dans un bus, le noir cédait sa place dès qu’un blanc s’y embarquait…
Le jeune Martin Luther King ne peut comprendre ces actes méprisants dont les membres de sa communauté en sont les victimes. Dès l’enfance, il commence à s’interroger auprès des adultes : Comment cela puisse arriver dans un monde où l’on prêche, dans la bible : « aime ton frère comme toi-même » ?
La seule réponse que le jeune protestant recevra de ses parents est d’apprendre à s’adapter au monde de ses ancêtres. Il s’agit bien de celui « des nobles chevaliers et des negres heureux ». « Un bon négre, disait-on, est un esclave soumis et dévoué et un mauvais noir est un prétentieux et arrogant qui voyageait dans le même chariot qu’un aventurier politique Yankee ». C’est dans cet univers, où le blanc appelait le noir « mon garçon » ou « ma fille », quelque soit l’âge, que le fils du révérend Martin Luther King Sr grandit.
Qu’à cela ne tienne, le futur révolutionnaire n’oubliera jamais de cette injonction de sa mère : « Souviens toi que tu es QUELQU’UN ». Selon l’auteur, King brûlait du désir de guerrir les blessures des noirs dès ce moment. Mais comment va-t-il y parvenir ?
Il faut dire que l’homme s’est beaucoup enrichi avant d’y arriver. D’abord, il était un garçon très doué. M. Oates témoigne d’une intelligence incroyablement précoce. Ensuite, il ne manque pas d’inspirations. A côté de ses brillantes études, Docteur dans plusieurs domaines, le grand lecteur en a goutté dans presque tous les plats des théories révolutionnaires pour construire la sienne. Enfin, il s’est doté d’une bonne culture dans l’art de la rethorique. Pendant les meetings, les sit-in et autres manifestations, le lecteur voit un orateur extraordinaire qui émerveille des foules enthousiastes. Son célèbre discours « I have a dream » est jusqu’à nos jours l’un des plus beaux de l’Histoire contemporaine.
Décidé, depuis sa plus tendre jeunesse, de briser le carcan de la ségrégation à tout prix, King, se mirant des œuvres qu’il a lu, voit enfin la lutte pacifique comme seule alternative pour atteindre cet objectif.
Hélas ! Il se heurte à l’opposition des nationalistes noirs, tels que Elijah Mohammad et Malcolm X, qui le perçoivent comme un « laxiste » devant les racistes blancs. Cependant, la lutte de M.L sort du seul cadre de la libération des « hommes de couleur » et rentre dans celui de la réconciliation de la société américaine toute entière.
Sa révolution ne profite pas qu’aux afrio-américains. En 1957 il a été accueilli par le président Kwame Nkrumah au Ghana, quand celui-ci proclamait l’indépendance de ce premier pays de l’Afrique de l’ouest à se libérer des griffes du colonialisme avant de dénoncer la guerre « impérialiste » de son pays contre le Vietnam en 1967. Sans oublier la marche des pauvres que son mouvement, la SCLC, a organisé la même année, pour faire prendre conscience du problème des pauvres aussi bien blancs que noirs.
Bien que le révolutionnaire ait prêché la non-violence ou la révolution qui consiste à « répondre le bien par le bien et le mal par le bien », il en a rencontré des adversités parfois très farouches. Indexé par certains de ses frères noirs comme « marionnette », King est en même temps la cible des blancs radicaux. Sa famille, ses camarades de lutte et lui même en ont payé le frais. Tantôt, ce sont les manifestants qui subissent la bavure policière, la répression du mouvement utra-raciste Klu Klux Klan, tantôt c’est lui même qui est menacé, insulté, et emprisonné. On a même brûlé sa maison un jour, croyant qu’il s’y trouvait avec sa femme à l’intérieur.
Malgré tout, King reste imperturbable devant l’idéal de la non-violence qui ne va pas tarder à porter ses fruits.
Plus les années passent, plus le mouvement monte en flèche avec des nouveaux adhérents dont le nombre ne cesse de grimper.
Toujours dans le cadre de la lutte pacifique, les différents mouvements et associations, dont il est membre influent, organisent des manifestations, des meetings et des sit-in pour réclamer l’égalité pour tous.
Bientôt, ils obtiendront gain de cause avec la reconnaissance par les plus hautes autorités des droits civiques (deségregation des lieux publics, droit de vote etc.) pour les noirs aux États-Unis.
En août 1963, l’historique marche interraciale, dénommée « marche sur Washington » a lieu. Plusieurs milliers de manifestants y ont envahi, à cette occasion qui coïncide avec celle du centenaire de l’émancipation (abolition de l’esclavage), les marches du mémorial Lincoln.
Mission presque accomplie, Martin Luther King Jr, trentenaire, marié à une femme (Coretta) et père de quatre enfants (deux garçons et deux filles), se rend à Oslo (Norvège) pour recevoir, le 10 décembre 1964, le prix Nobel de la paix.

Voilà l’essentiel d’un livre de plus de 550 pages. Loin de toute publicité, « Martin Luther King » de Stephen B. Oates est une référence pour ceux qui veulent découvrir l’homme davantage.

Yelihebdo

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